Franz-Olivier GIESBERT

Publié le par P.CAT

Franz-Olivier GIESBERT

Editorialiste, biographe, présentateur de télévision et romancier franco-américain né le 18 janvier 1949.

Sociétaire des Grosses Têtes depuis le 29 août 2014.

Sa culture au service du journalisme.

Franz-Olivier Giesbert est issu, par son père, d'une famille d'origine allemande, écossaise et juive immigrée aux États-Unis à la veille de la Première Guerre mondiale et, par sa mère, d'une famille normande et catholique dirigeant à Elbeuf une importante imprimerie régionale. De retour en Normandie à trois ans, il est élevé par sa mère, professeur de philosophie, et son père, dessinateur commercial passé par l'Art Institute of Chicago et ayant participé au débarquement en Normandie, le 6 juin 1944 à Omaha Beach.

À l'âge de dix ans, il veut devenir écrivain et commence à écrire des nouvelles. Sous l'influence d'une mère très croyante, il suit une éducation religieuse dont il tire un fort attachement à la foi catholique et un vif intérêt pour les réformes de l'Église de Jean XXIII (il a d'ailleurs tenu une chronique régulière dans le magazine français Panorama). Politiquement, il appartient à une famille de gauche, sa mère ayant été adjointe au maire PS d'Elbeuf.

Si dans son adolescence, il se veut, par réaction au père, un partisan déclaré de l'Algérie française, il affirme avoir ressenti, à l'arrivée de l'âge adulte, un bref attrait pour le communisme. Après avoir suivi sa scolarité au lycée d'État d'Elbeuf, il publie son premier article à l'âge de 18 ans, dans Liberté-Dimanche, du groupe de presse Paris Normandie, consacré à l'élection présidentielle américaine. Il refuse le poste de rédacteur en chef-adjoint du quotidien Paris Normandie, que lui propose sa famille maternelle, actionnaire du quotidien. Conseillé par sa mère, il effectue des études de droit, dans l'optique d'entrer à l'ENA ou d'obtenir le diplôme d'avocat. Parallèlement, il a collaboré pendant quatre ans à la page littéraire de Paris Normandie.

À dix-neuf ans, il collabore aux pages littéraires de Paris Normandie, où il publie des entretiens avec Louis Aragon, Henry de Montherlant, Jules Romains, Maurice Genevoix et Alain Robbe-Grillet.

Il entre en 1969 au Centre de formation des journalistes, où il se lie entre autres avec Patrick Poivre d'Arvor. Marqué par les enseignements de François Furet, de Jacques Julliard ou de Gilles Martinet, il effectue, durant l'été 1971, son stage de fin d'études aux services Politique et Notre époque du magazine Le Nouvel Observateur. Il obtient son diplôme la même année.

Il est recruté au service politique sur recommandation de Jacques Ozouf, alors à la recherche de jeunes journalistes motivés et susceptibles de professionnaliser le service.

Il publie parmi ses premiers articles une interview de Michel Rocard, puis des reportages sociaux, des papiers sur la presse mais aussi sur Jacques Chaban-Delmas ou Edgar Faure. Il prend successivement en charge la droite et l'exécutif puis, à partir de 1974, la gauche notamment le PS. Il traite parfois du PCF jusqu'en 1977, mais il est essentiellement attaché à la gauche non communiste : il interroge à deux reprises François Mitterrand en l'espace de deux mois. Parmi les autres hommes politiques à qui il donne la parole figurent Edgar Faure, Jacques Delors et Pierre Mauroy. Ses liens avec ce dernier, alors numéro deux du PS, sont alors si importants qu'on le définit comme « mauroyiste ».

Aidé par Lucien Rioux, il collabore avec Pierre Mauroy à la rédaction du livre Les Héritiers de l'Avenir (Stock, 1977), où le numéro deux du PS défend la crédibilité du Programme commun. Il publie également une biographie (François Mitterrand ou la tentation de l'histoire) au Seuil en mars 1977.

Ses relations avec Mitterrand alternent alors entre des périodes de froid et de réconciliation même si lui-même participe à la construction médiatique de Michel Rocard. Interviewant cinq fois l'ancien leader du PSU en un peu plus de deux ans (mai 1977 - septembre 1979), il couvre avec attention ses déplacements en province (« Rocard chez les sudistes », 19 mars 1979) ou à l'étranger (« Rocard à Washington », 9 juin 1980). Mais il donne aussi la parole à un écologiste comme Brice Lalonde à la veille des élections de 1977 et de 1978 ainsi qu'à des leaders du CERES. Il apparaît ainsi comme le moins politisé du service politique, un « OVNI ».

Lassé de la politique française, il souhaite devenir correspondant aux États-Unis. Olivier Todd et Jean-François Revel lui proposent d'entrer comme grand reporter à L'Express. Mais après en avoir fait part à Jean Daniel et Claude Perdriel, il est finalement promu grand reporter (septembre 1979), puis correspondant aux États-Unis en janvier 1980. À la suite du départ de Thierry Pfister pour le cabinet de Pierre Mauroy (mai 1981), il est rappelé à Paris pour prendre la tête du service politique.

Nommé en 1985 directeur de la rédaction d'un journal en pleine crise, il redresse Le Nouvel Observateur. Il y était considéré comme "de droite" par certains de ses journalistes1.

En septembre 1988, il quitte Le Nouvel Observateur pour rejoindre Le Figaro, quotidien alors emblématique du Groupe Hersant. Sa mère s'était pourtant vivement opposée à Robert Hersant quand ce dernier avait racheté Paris-Normandie et le passage du grand hebdomadaire de gauche vers le grand quotidien de droite surprend beaucoup de gens. Jean Daniel dit avoir vécu son départ comme une trahison1 De 1988 à juin 2000, il est directeur des rédactions et membre du directoire du Figaro. Il redresse par ailleurs les ventes du Figaro Magazine.

Il quitte ses fonctions en septembre 2000, et entre à l'hebdomadaire Le Point en qualité de directeur, sous l'influence de son fondateur Claude Imbert. Il croit dans les valeurs du travail d'équipe, aussi s'entoure-t-il de Michel Colomès, directeur de la rédaction et de Michel Richard comme directeur adjoint. Avec Philippe Bertrand, son directeur artistique, il décide de moderniser la maquette. Pour augmenter le nombre de lectrices, il fait évoluer la dernière partie du magazine, car les études montrent que davantage de femmes que d'hommes commencent leur lecture par la fin.

PDG depuis 2003 du groupe SEBDO Le Point, il permet au magazine de connaître un nouvel essor commercial, notamment auprès des catégories socioprofessionnelles les plus élevées. Misant sur l'indépendance d'esprit, les couvertures de l'hebdomadaire sont volontairement de plus en plus agressives. Sous sa houlette, les ventes du Point passent de près de 300 000 en 1999 à environ 415 000 en 2010, soit une augmentation de quelque 120 000 exemplaires.

Le ton ou l'impertinence du Point aurait déplu à Nicolas Sarkozy qui, en 2008, aurait demandé la tête de Franz-Olivier Giesbert à François Pinault, tout comme l'auraient fait auparavant François Mitterrand, Jacques Chirac et Dominique de Villepin. En février 2012, François Pinault confirme l'information au magazine économique Challenges : « C'est à moi que Nicolas Sarkozy s'adressait pour me demander régulièrement de virer Franz-Olivier Giesbert de la direction du Point », explique le propriétaire de l'hebdomadaire, avant de préciser que l'immixtion présidentielle lui déplaît et le conduit au contraire à maintenir Giesbert, qu'il décrit comme un « excellent patron de presse, solide, créatif et paradoxal », dans ses fonctions.

Il entretient ou a entretenu des relations d'amitié avec plusieurs grand écrivains : Julien Green, Michel Tournier, Norman Mailer et J.M.G. Le Clézio qu'il a interviewés souvent ou qui ont collaboré régulièrement aux journaux qu'il a dirigés. Il fréquente le club Le Siècle. Il est membre du jury du Prix Renaudot, où il a été élu en juin 1998.

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